Nancy Cunard : Parallaxe

 
par Patrice Corbin

Femme-époque, celle qui entend, voit, pratique sa vie comme une sentence dont elle instruit elle-même le procès. En cette première moitié du XXe siècle, après le désastre de la Première Guerre mondiale, Nancy Cunard, poète britannique, s’engage, interroge le sens, mobilise l’altérité comme un dernier recours, parallaxe, voyage ou dérive à contretemps, insistance de « La mort avant la vie, l’atome dans l’utérus, / Et ses préparations – fœtus pelotonnés, écrabouillés… ». Le voyage au monde qui dés-instruit, s’imprime en kaléidoscope, éternel mouvement du mouvement perpétuel, l’œil à facettes, paralysé de tensions et sur le plat du monde « cendre-de-ma-cendre qui m’a fait, que j’ai fait… », fixant « les yeux qui percent, et ne voient, une fois de plus, que les yeux…». Nancy Cunard « une grande fille ouverte à l’avenir […] félonne et féline » sous la plume d’Aragon1. Militante engagée dans la lutte contre le fascisme, contre le racisme et les discriminations, voix de la cause noire2, mais aussi femme du libre esprit et de l’émancipation, femme-époque trop souvent ignorée par ceux qui commentent l’histoire ; cette traduction de Dorothée Zumstein est une invite à marcher sous l’œil scrutateur du voyage.




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Suivie de poèmes extraits de Hors-la-loi et Sublunaire
Traduction de Dorothée Zumstein
Les Nouvelles Éditions Jean-Michel Place
96 p., 17,00 €
couverture

1. La Défense de l’infini, Louis Aragon, « Les Cahiers de la NRF », Gallimard, 2002.

2. Southern Sheriff in Negro Anthology, 1934.