par Mathias Lavin
Andrèas Embirìkos est connu pour avoir introduit en Grèce, au début des années 1930, le surréalisme et la psychanalyse. À ce double palmarès, il faut ajouter son activité de poète dont Ce jour d’hui comme hier et demain offre un bel aperçu, tout au moins de sa dernière manière. En effet, l’ouvrage fut publié de manière posthume, et les textes en furent composés au cours des années 1960 et jusqu’à la mort de l’auteur en 1975. De tailles très variables, de six vers à plusieurs pages, les poèmes semblent nourris par une commune inspiration. Celle-ci affiche une forte sensualité (le culte du corps féminin est constant, ou presque) mais curieusement dépourvue de lyrisme. Ainsi le désir paraît-il diffus ou collectif plutôt qu’émanant d’un sujet particulier. C’est l’intérêt du recueil qui permet ainsi d’unir la célébration des corps à une tradition mythique et culturelle. Le titre s’éclaircit : l’instant présent, célébré par le poème, nous relie au passé (parfois immémorial) tout en ouvrant à l’avenir. On peut compléter cette lecture avec Oktàna (cette fois-ci, de brèves proses), publié précédemment dans la même maison d’édition dirigée par Michel Volkovitch, fervent passeur de la littérature grecque.