par Tristan Hordé
En même temps qu’une biographie romancée de l’enfance d’Élisée Reclus, le livre de Thomas Giraud est un récit d’initiation. La documentation, solide, a été adaptée pour suivre le parcours de l’enfant qui, comme son aîné Élie, est destiné à prendre le relais de leur père, Jacques, pasteur calviniste. Des faits vérifiables ne manquent pas : Élisée part, à 12 ans, rejoindre son frère pour des études de théologie à Neuwied, en Allemagne ; sa mère Zéline était institutrice et il y était très attaché ; son père faisait son possible pour maintenir dans des pratiques rigoureuses la communauté protestante. À partir de là, Thomas Giraud, toujours avec vraisemblance, construit ses personnages. On lit les sermons exaltés du père, qui souffre des pieds mais court la campagne pour prêcher ; on s’attache à la mère, adepte de Fourier qui, dans son métier, se demandait si elle devait « instruire, éduquer, élever ou laisser pousser ». Quant à Élisée, il aime les ruisseaux et les pierres dès l’enfance, rêve de raconter l’histoire d’une goutte d’eau de la source à la mer. Arrivé à Neuwied, « il sut dès les premiers jours qu’il ne serait pas pasteur » et il le signifie à son père à son retour. Ce qu’il devient ensuite, un géographe hors des institutions – mais reconnu aujourd’hui comme un précurseur – qui voulait que le savoir soit accessible à tous, un grand voyageur, un militant anarchiste qui connaît l’exil et la prison, Thomas Giraud ne s’y attarde pas, son propos était d’abord d’écrire un récit de formation, vivant, varié, et c’est une réussite.
136 p., 14,00 €