Michel Butor : Par le temps qui court

 
par Khalid Lyamlahy

Michel Butor s’est éteint le 24 août 2016 mais sa voix renaît déjà avec cette anthologie poétique de 41 poèmes. Pour Jean-Michel Maulpoix, la poésie de Butor est « créatrice de monde et d’histoire » (p. 10) car elle ne cesse de réinventer ses objets et ses formes. Ce « temps qui court », nous dit Mireille Calle-Gruber, c’est aussi bien « le temps d’une vie consacrée à la littérature » que « le présent, chaque fois unique, du vécu » (p. 23). Premier vers : « Ne me laissez pas mourir » (p. 27), comme un appel posthume à la perpétuation de la parole poétique. De l’Égypte à Tunis, de Mai 68 à la Grande Guerre, de Laon et sa cathédrale à Bagdad sous les bombardements, il y a toujours « le temps qui fuit » (p. 75) et la poésie qui le reconstruit. Butor réécrit les saisons, interroge le siècle passé, recompose la musique des lieux, traverse « les vagues de l’histoire » (p. 29) et élève une « stèle pour le temps » (p. 136). Fragments sensuels, dialogues avec l’Art, récits de voyages, notes en prose : les poèmes de Butor sont ces « échantillons / qui voguent au gré / des courants du temps » (p. 118). Maulpoix a raison : Butor est cet « artisan voyageur » (p. 15) qui travaille à « rafraîchir » (p. 14) le monde.




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Choix par Mireille Calle-Gruber
Préface de Jean-Michel Maulpoix
La Différence
« Orphée »
192 p., 10,00 €
couverture