par Marie-Florence Ehret
Récit, roman à la première personne, autofiction ? Un adulte s’interroge sur une scène qui n’a peut-être jamais eu lieu dans sa toute petite enfance, une scène de séduction exercée par une jeune femme sur un petit garçon de cinq ans. Une jeune femme aux yeux noirs qui laisse derrière elle un parfum de plaisir, de transgression, de volupté, d’interdit, de rêve. Des gestes ont-ils vraiment eu lieu et lesquels ?
Le vocabulaire religieux, philosophique, scientifique vient sans cesse dérouter un récit fragmenté jusqu’à la perte de sens, mais aussi l’élargir et lui donner sa plus-value poétique.
Toute ma vie je demeurerais retenu et fidèle à cette ordalie creuse comme un TROU NOIR.
L’invention d’un double, au nom étrange de Lac sauve l’enfant de la folie, ou l’y enferme. Et ce double reste celui qui me fit voir l’existence et les êtres en projetant sur mon âme tendue et plate comme un écran un cinéma fantaisiste et parfois inquiétant.
À ce trouble initial, le narrateur est attaché, jusqu’à nouer adulte une longue liaison masochiste qu’il vit comme une expérience mystique.
Il est question d’autres amours, de sa fille de dix ans, d’une lecture de saint Augustin à la librairie Ombres blanches à Toulouse, toutes choses qui semblent bien appartenir à l’auteur.
Mais ce qui retient avant tout dans ce texte est le tissage des registres et le trouble qui s’en dégage et brouille tout jugement. En guise de conclusion, je citerai cette phrase :
Il faut apprendre à se réjouir dans les chagrins comme si nous les avions demandés dans nos prières.
208 p., 15,00 €