par Étienne Faure
Langue de liège aveugle réunit des textes publiés du vivant de Jacques Izoard, entre 1978 et 1990. Des textes en prose et en vers qui ne prennent pas nécessairement en compte un ordre chronologique d’écriture, mais dont le fil conducteur est Liège, ville natale de l’auteur. Sous un très beau collage de Robert Varlez ce recueil s’ouvre par un texte qui donne son titre à l’ouvrage et aussi le ton, par sa densité – comme tous ceux qui vont suivre : « Avons-nous peur des mots ? »… « Ne vaut-il pas mieux vivre en se parlant à soi-même à voix basse… » Des textes qui semblent contenir chaque fois toutes les interrogations d’Izoard, si cela a un sens de vouloir ainsi cerner cet auteur aux mille regards. On retrouve les corps, les jardins, la maison, les escaliers, le dessin, la peinture, les transports, les voix des poètes, les ouvriers et les mineurs, des textes tous tournés vers l’extérieur, autrui, la langue et l’écriture, la ville. La ville aussi a un corps qui « se démembre, se casse, se distend », « ville-sosie »… « ville ouverte », ville qui « devient sourde, muette et aveugle ». Deux photos viennent ponctuer cette promenade « des cœurs et des chamades », ce recueil émouvant : « Le poète est celui qui ouvre les yeux ».
56 p., 14,00 €