Daniel Dezeuze : Clefs à tendre la toile écrue

 
par Alexandre Ponsart

Ma première rencontre avec l’œuvre de Daniel Dezeuze fut en 2012 à Nice avec l’exposition « Robinson, ou la force des choses ». Le musée d’art moderne et d’art contemporain (MAMAC) organisait une exposition autour de trois artistes, anciens membres du groupe Supports / Surfaces : Daniel Dezeuze et ses Objets de cueillettes, Patrick Saytour et Claude Viallat.

Avec Clefs à tendre la toile écrue j’ai pris plaisir à découvrir une nouvelle facette de Daniel Dezeuze. Ici, il n’est plus question de l’artiste plasticien mais de l’auteur de poésie même si, à la lecture de l’ouvrage, les deux restent étroitement liés. Sur la couverture et au fil des pages on découvre des dessins qui pour certains représentent des objets en bois, en métal, en papier. Tous sont simples. Parfois, ils sont accompagnés de végétaux. Un mélange entre l’homme civilisé et l’homme sauvage. Ce livre m’évoque les mêmes sentiments qu’en 2012 ; retourner à l’essentiel et transformer notre regard sur ce qui nous entoure.

Clefs à tendre la toile écrue est suivi de Nervures. Dans ces deux parties, la femme est mise à l’honneur et a plusieurs noms dont celui de Karen.

Infinies nervures nervures uniques nervures parallèles (…) vous formez un réseau un réseau de nervioles (…) qui se répartissent dans la nature foliaire autant que dans le blanc du papier.

La femme est humaine. La jeune bouddhiste apporte des fleurs. La veille elle priait dans un temple de Taipei. La femme est végétale. Jambières de ses tiges la voilà gainée à la base de ses pétioles et grandissante sous le nom d’oseille des prés persicaire ou renouée. La femme est élément, animale et nature.

Une fois la lecture terminée, des sentiments sauvages et des envies d’évasion envahissent le lecteur. Et une question se pose : Robinson ou Vendredi ?




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Fata Morgana
104 p., 19,00 €
couverture