par Sacha Steurer
Dans la tradition de la poésie, que ce soit une barrière, un mur humain, ou un brouillard, l’écriture de Raluca Maria Hanea se confronte à ce qui empêche, à ce qui exile. Cette limite est consciente, nommée, répétée, tout le long du recueil ; on ne la perd jamais de vue. Le jeu que la poète roumaine entreprend avec cette limite « jusqu’où le brouillard le permet », est un jeu d’un vocabulaire très riche et où les langues sont multiples (français, anglais, latin). La brièveté des poèmes composés de vers très courts riment avec leur intensité. Des images se laissent saisir, d’autres se dérobent, comme au cinéma, source d’inspiration de l’auteur.
Pour jouer, on se donne parfois une contenance : « on se pare de fougères / on déniche des plumages », on est tenté par l’« anonyme rassurant », mais c’est lorsque la langue est la plus transparente et que tout à coup l’on voit clair dans le jeu, que la parole fait lumière au milieu des pages blanches. Comme ici : « dans les rues les fleurs effondrées / le soleil dans l’énergie des murs / les symptômes bavards des étrangers : courus d’avance ».
Le recueil s’achève « Sans chute », ou plutôt en appelant une continuité : « dansant les cauchemars / pour plus tard ».
64 p., 16,00 €