par Alexandre Ponsart
Ces « deux cent vingt-sept portraits littéraires » qui « constituent un panorama affectueux et oblique de la littérature » sont rassemblés en neuf chapitres dont les titres sont des clins d’œil aux alcools que l’on peut boire aux terrasses d’un café. Tout commence autour d’un Plan Quinquina dont on notera la double signification. Certes, les apéritifs à base de quinquina ont été très répandus au XXe siècle (il s’agit d’une écorce provenant d’un arbre d’Amérique du Sud ayant des propriétés toniques et fébrifuges) mais le Quinquina est aussi le nom d’un vieux bar toulousain. Ce panorama prend fin avec Bière tombale dont le jeu de mot est appréciable.
Les poètes – de siècles différents – sont invités autour d’un verre et reprennent vie pour un moment. Verlaine qui se grippe à force de prendre la pose au bord de l’insignifiant d’effeuiller d’un air ganache l’anémone ou l’ancolie. Le jeune Rimbaud qui slalome entre les consoles dressées sous les regards kalachnikov de quelques soiffards en pleine lubricité. Baudelaire sur le perron du verre à pied sieur spleen tète un grand gisement de fraternité. Autour de la table des plus jeunes sont aussi présents Boris Vian, Tristan Tzara et bien d’autres.
Patrice Delbourg, amoureux de sa ville, met Paris au centre de son recueil. Dès le premier poème on se retrouve rue aubry-le-boucher dans le quatrième arrondissement non loin des eaux olivâtres du fleuve. La Seine où les bateaux-mouches profitent des derniers rayons du soleil d’austerlitz.
La citation d’Alphonse Allais, en prologue, synthétise parfaitement bien l’esprit de ces poèmes. Pour moi, la vision du paradis serait une terrasse de café qui ne finirait jamais. On pourrait dire : une terrasse d’un café parisien à regarder passer les gens.
276 p., 18,00 €