par Sébastien Goffinet
Bien entendu, on peut sauter sur sa chaise comme un cabri
en disant « le trope ! », « le trope ! », « le trope ! » mais cela n’aboutit à rien
Le nom de Justin Delareux m’est un savoir récent, dû à la reproduction de l’une de ses photographies, page 149 de Le livre des cabanes de Jean-Marie Gleize, qui y précise p. 161 : « L’image photographique est prise et donnée par Justin Delareux, en communauté de pensée et d’action. » Mon intérêt pour ce photographe s’accrut en l’apprenant auteur de La laisse, continuation ainsi de la photographie par un autre moyen, la littérature. Mais bientôt les (trop ?) nombreux sites et blogs où se constelle Justin Delareux me décillèrent ; y figure en effet la liste des multiples domaines où il œuvre simultanément : écriture, dessin, photographie, peinture, ateliers, expositions, sonore, objets, projection... Il y est présenté comme « développ[ant] un travail hybride et polymorphe » entre ces « champs [...] pour les faire dialoguer, les creuser, les tramer et construire un chant général libertaire ».
Quant au livre : La laisse se compose de trois parties (deux textes et une suite de 27 dessins). L’anaphore m’a d’abord rebuté : sa popularisation, due à l’un des 2 candidats de droite au second tour de la présidentielle de 2012, a généré une prolifération qui en rend nécessaire la réhabilitation littéraire. Ce qu’accomplit la polysémie du terme « laisse », qui désigne ici réunis : 1°) le lien solide servant à maintenir un animal (ici, un bœuf), 2°) la suite de vers assonantiques, de longueur variable, d’un poème du Moyen Âge et 3°), par métonymie du sens « limite (haute ou basse) des marées », les dépôts laissés par la marée et les alluvions au bord des fleuves – qui a une couleur, comme chacun sait). Nouvelle diane, cette laisse en laisse sur une laisse trope ainsi contre les tropes, comme d’autres « parle[nt] contre les paroles ». Cette désaliénation de, dans et par la langue est une condition du « chant général libertaire ».
78 p., 6,00 € (+ frais de port 2,00 €)
Commande par courriel à justin.delareux(AT)gmail.com