Roland Chopard : Sous la cendre

 
par Déborah Heissler

Se taire. Ne pas raconter, énumérer, conter, totaliser l’échéance, l’histoire, toutes les histoires qu’il serait possible de raconter. Dans Sous la cendre seule importe la « voix » à partir de bribes de trames passagères ; une « voix », des « voix », qui puissent s’ouvrir à la dimension essentielle du regard, dans l’oscillation de ce contact avec la forme polyphonique et de sa contradiction, d’une distance, d’un silence, parce qu’il est des récits impossibles ou qui restent tout à la fois illisibles et interdits. Dans chacune de ces 6 suites & variations, Roland Chopard confronte le lecteur à un texte d’une très grande lucidité où constamment le dispositif textuel échappe à son entière disposition, construisant une dialectique du « donner à voir » qui sans cesse donne à errer entre les mots et au-delà de la frontière du sens, montrant par là les limites de son champ – en quête d’une vision qui suggère l’anéantissement du monde architecturé, érigé, et de son réseau extensif, métaphorisant la résorption de la « cendre » en un espace exigu du délabrement, de l’anéantissement –, et à la fois laissant une place aux écarts et aux divagations : « la voix entre ainsi dans l’activité des mots […], c’est un pouvoir, un engagement, une manière de transformer la réalité » (p. 127) nous est-il en définitive donné de lire.




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6 suites & variations pour voix seule(s)
Postface de Claude Louis-Combet
Lettres Vives
« Entre 4 yeux »
144 p., 20,00 €
couverture