Sur un dépliant en papier épais se dressent deux pages d’un poème qui peut donc se lire en recto-verso ou en plein centre si l’on déplie les pages. On peut le lire comme une alternance de vers et de prose, une multiplication des anaphores concernant l’adresse à la deuxième personne, la finalité débordante « pour trouver ». Mais cette alternance semble surtout liée à un rythme d’expansion pneumatique, expansion des phrases et du souffle, réduction brutale, reprise nécessaire. Un texte en apnée qui parle de survie, de rencontre entre le ventre et le couteau, où l’expansion rythmique dissout les contradictions sémantiques. Comme dans le Journal de Nijinski, ou dans de nombreux textes de Charles Pennequin, les mots contradictoires sont absorbés par les listes, accumulations et énumérations de ce qui justement fait « système », non pas au sens hégélien d’une résolution dialectique, mais par l’expansion poétique. Car le texte se refuse à toute systématisation du procédé. Dès qu’une répétition se produit (« bien bas ») dans l’alternance des vers, elle est déviée (« sur moi », « dehors »). Un système non systématique qui fait alterner les adresses, les finalisations, les tentatives de définitions (« ce qui ») et les listes non systématiques (liste de systèmes et de « pointes noires »). On est loin des contraintes systématiques de l’OULIPO. C’est que ce texte est aussi partition, liée à des performances basées sur des régulations de l’inspiration et de l’expiration. Pour ce texte comme pour beaucoup d’autres, la voix et le corps du poète sont des clés essentielles. On verra avec profit ses actualisations sur le net.
Menace est aussi un texte court. Les compléments de « menace » sont divers : soi, tout le monde. Un agencement dans un vocabulaire très simple jouant sur les variations pour affirmer l’intégration de l’hétérogène dans le matériau poétique.