par Nadine Agostini
Sur une bande de Gaza où elle ne s’est jamais rendue, Sylvie Nève, avec Terre de Palestine et Orient proche, se fait l’écho de Bernard Heidsieck et de Mahmoud Darwich. Avant que d’être publiés, ces « poèmes de partout » ont été transmués en oratorio (2007). L’auteur, qui dessine un territoire autant visuel que phonatoire, se joue de la langue et babélise et dé-calque au plus près comme dans le poème « Autour de Gaza, il y a une bande / autour de Gaza il y a il y a tout autour de Gaza... il y a des musulmans / il y a des chrétiens... » qui touche au plus près Autour de Vaduz. La bande est frontière autant que bande de gaze. L’enjeu premier est le jeu de la langue. La bande déroulée, c’est la langue de tous, toutes les langues, en commençant par le chant des mères. C’est la bande de l’histoire sur laquelle s’inscrivent la création des états, l’histoire de la « terre ceinte tout autour ». La bande ceint et serre et se resserre et voilà que les mots s’écrasent les uns contre les autres. Alors, éparpillés sur la page comme des corps au sol, les mots répondent aux mots et la langue à la langue. « Parce qu’une terre n’est pas une promesse », Sylvie Nève y met ses « pieds de langue ».1
1. Mise en page de Jean-Pierre Bobillot, trois photographies de Victor Moulinier.