par Sébastien Goffinet
L’aventure ici décrite, illustrée de nombreuses photographies, est celle de fragments de littérature concaténés sur 10 kilomètres de long et peints, formant une boucle de la gare à la gare, sur les surfaces de la ville belge de Mons. Ces fragments n’ont pas été choisis au hasard : ils émanent d’écrivains qui, entre le Moyen Âge et 1945, sont passé-e-s par Mons. Des citations de Verlaine s’entrelacent ainsi avec celles de Verhaeren, Marguerite Bervoets, Constant Malva, Fernand Dumont... ou encore à celles d’auteurs qui les ont influencé-e-s (Rilke, Breton, Éluard…). Au-delà de la moindre qualité des fragments de Karelle Ménine y insérés, l’ensemble demeure cohérent. Mais l’originalité tient à cette disponibilisation de la poésie vers le public : murs, façades, trottoirs, vitrines s’ornèrent pendant un an de cette phrase, chaque passant-e pouvant ainsi au gré de sa marche s’emparer de quelques mots, lire presque involontairement de la poésie, voire se dérouter pour poursuivre la lecture. L’article (p. 10-37) de Karelle Ménine, initiatrice du projet, qui le présente de sa conception à sa réalisation, en analyse très pertinemment les enjeux : « La finalité de l’espace public […] serait quant à lui de redevenir une agora où il ne s’agirait pas d’affronter des policiers […], mais de se partager. » Ce volume conserve ainsi la trace de ce don du poème, de cette invitation à lire debout. Gertrude Stein, inscrite rue Lamir à Mons et citée p. 257 du livre : « Une phrase est avec nous sur nous ».
320 p., 19,00 €