par Luigi Magno
Pierre Escot présente dans ce livre des « extraits » reliés entre eux par une référence ponctuelle au Carnet Lambert. Personnage, fil rouge, corpus coalescent ou principe / origine de la narration, la seule définition plausible de cette entité aux contours flous qu’est ce Carnet est une tautologie : « Carnet Lambert est un Carnet Lambert » (p. 22). C’est cette même tautologie qui invite à poser la question autrement. Non pas en termes négatifs (le Carnet Lambert n’est pas) ni d’entité physique ou métaphysique (qu’est que le Carnet Lambert ?) mais à partir de son fonctionnement (que permet-il le Carnet Lambert ?). Car le Carnet Lambert n’est rien d’autre qu’un fonctionnement, une façon de repenser des textes et leurs formes, leurs constructions, leurs cadres, leur portée. Autrement dit, tout le livre est une « méthode d’investigation » par broyage, déplacements et dislocations. Les formes discursives les plus disparates (du mode d’emploi à l’injonction publicitaire, des manuels aux dialogues anodins ou encore la Poésie, tout y passe) se côtoient dans un fatras magmatique où la syntaxe est parfois empêchée ou encore, le plus souvent, les contenus sont comme déplacés, pour qu’elles tournent en mode critique.