par Jean-Pascal Dubost
Dans le prolongement de la Revue de littérature générale1 qu’Olivier Cadiot présenta en deux numéros avec Pierre Alferi, laquelle offrait une perspective critique de la littérature contemporaine, le présent ouvrage, au titre faussement pédagogique, eût pu être titré (avec ajout d’une précision qualificative) : « Histoire critique de la littérature récente ». Poésie, roman, théâtre, essai, écriture, lecture, écrivains confirmés, écrivains du dimanche, tout est passé au crible et à la moulinette de l’expert narquois ès-Lettres qu’est Olivier Cadiot, qui a l’art amusé de déponcifier lesdites Belles, lesquelles, selon son regard, ont toute l’apparence d’une gigantesque farce sérieuse. On entend qu’Olivier Cadiot veut dissiper un immense malentendu, composé d’une infinité de malentendus, qu’est la littérature ; qui n’est pas ce que vous croyez ni ce que les littérateurs eux-mêmes croient. Ceci est un anti-manuel, pas un essai (la réflexion n’y est pas approfondie). Pour autant, ce livre n’est pas une entreprise de destruction, mais de désoclage des Belles Lettres trop fardées d’une suffisance entretenue par les majuscules de majesté qui autorisent moult s’en réclamant à s’affubler d’ego proéminent, car c’est à l’ego littérateur, que s’en prend l’auteur, qu’il tient pour responsable d’une lente agonie auto-complaisante et réactionnaire de la littérature. « Ne me dites pas qu’elle a disparu, elle est partout de nouveau, elle revient en force. La grande, la classique, la sublime la Littérature », il y aurait dans cette Histoire comme un écho rieur à la sentence « scandaleuse » de Denis Roche : La poésie [la littérature] est inadmissible. D’ailleurs elle n’existe pas. La vélocité d’écriture et l’énergie goguenarde d’Olivier Cadiot tentent de prendre de vitesse cette agonie, et par antithèse (parfois absconse), énoncent un art poétique de la littérature vivante, prolongement actif et vif de la « littérature récente ».