par Tristan Hordé
Pour qui apprécie la poésie d’Alain Veinstein, ce « roman » laisse perplexe. Le livre a bien le caractère narratif du genre : le narrateur, à Venise et à Paris, file le « parfait amour » avec Angela, qui le contraint à donner à lire ses carnets secrets – manière d’introduire un matériau présent ensuite jusqu’à la fin. Il se prend de passion pour une violoniste dont il a à peine vu le visage et retourne à Paris. Il la retrouve par hasard à la terrasse d’un café puis, quand il décide un soir d’aller au théâtre, elle y est aussi, à côté de lui ; plus tard, au dernier trimestre 2015, elle est encore à ses côtés à la représentation de Pelléas et Mélisande à l’Opéra-Bastille. Enfin, lors d’une représentation privée à laquelle il est invité, elle n’est plus violoniste mais cracheuse de feu : imprudence ? son visage s’enflamme, perdu pour toujours. La quête d’une femme plus ou moins rêvée, parallèle aux conquêtes ou emballements du narrateur, constitue une trame classique. Mais le narrateur, qui comme l’auteur a nom Alain Veinstein et rencontre d’ailleurs son double, Alain Weinstein, encombre le récit de longs développements sur sa vie d’intervieweur à la radio, sur son licenciement de France-Culture, sur l’usage de la voix, sur ses rencontres avec Agnès Varda, Claude Royet-Journoud, etc., qui n’ont pas grand rapport avec le propos.