Nu(e)

 
par Tristan Hordé

Philippe Di Meo n’a pas cessé de traduire le poète italien depuis 1986 et le dossier qu’il a préparé pour la revue niçoise NU(e) donne des clés pour lire une œuvre poétique difficile à aborder. Le sommaire propose des vues de l’ensemble et des études limitées à un recueil ou à un poème. Pour retenir deux exemples, Enzo Siciliano met en évidence le « désespoir virgilien » de Zanzotto, et René Noël, à l’issue de pages très denses, le rapproche de Paul Celan. Philippe Blanchon, lui, en insistant notamment sur la quête du réel, propose une lecture inspirée et précise de Phosphènes ; Jean Nimis écrit à propos de IX Églogues, « lieu du questionnement de l’existence » ; Philippe Di Meo retient le premier poème d’Idiome et examine comment Zanzotto répond dans ce recueil à la question de la représentation de la langue.
Trois entretiens avec le poète (dont on aurait souhaité connaître la date) permettent d’entrer autrement dans son œuvre. Zanzotto précise sa position vis-à-vis de l’emploi des dialectes dans sa poésie et de leur place dans la littérature italienne ; on sait que l’organisation linguistique de l’Italie est beaucoup plus complexe que celle de la France où, pour des raisons historiques, le latin n’a plus de place, ni les dialectes ou les langues régionales. Par ailleurs, Zanzotto développe dans un autre entretien sa pensée sur la beauté et, également, sur le fait que les poètes – hors de l’école – sont peu lus ; c’est un fait qu’elle paraît obscure à beaucoup et, contrairement aux récits d’évasion, elle ne propose pas de « fin de l’histoire » : « le dernier vers est égal au vers initial ».
Il faudrait citer d’autres articles de ce numéro – Claude Magris, Elke de Rijcke, Pierre Parlant, Stefano Agosti… : le dossier ne cherche pas à épuiser les commentaires mais, éclaircissant des problèmes propres à la poésie de Zanzotto, suscite des questions sur la lecture de toute poésie. En outre, on ne boudera pas le plaisir de regarder les portraits de Zanzotto, dessinés par son père, par Francesco Cambognia, Tullio Pericoli et par son ami Pasolini.




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Nu(e)
N° 58
« Andrea Zanzotto »
212 p., 20,00 €
couverture