par Alexandre Ponsart
Sous ce petit livre se cache une correspondance échangée sur onze mois, du 16 mars 2012 au 18 février 2013. Pourquoi le chiffre onze et non pas douze mois ? Est-ce une volonté de laisser le cycle inachevé afin que le lecteur termine de lui-même ce recueil ? Aucune réponse ne nous est donnée.
Il s’agit, entre Anaïs Bon et François Heusbourg, d’échanger des pensées, des idées, chacun dans son style. Que rencontre-t-on quand on rencontre / sa chair spécialement douce (…) Chaque rencontre est la possibilité pour soi-même / d’une autre vie. Assembler deux voix autour d’un même thème et les laisser s’unir pour composer ces poèmes. Seuls / double. Pourtant le titre nous prive du pluriel : seul / double. Plus qu’une seule voix derrière laquelle le lecteur retrouve les deux auteurs. Les styles sont différents ; passage du vers à la prose, de citation à l’emploi de l’italique. Mais comment savoir à qui appartient tel ou tel paragraphe ?
À la première lecture, le lecteur reste concentré afin de découvrir lequel des deux auteurs a commencé le poème. Et ainsi, pouvoir attribuer le vers suivant à l’un ou à l’autre dès lors qu’il s’agisse d’une alternance respectée. Nous voilà ouvrant les fenêtres / le soleil baisse plus souvent / on pose le doigt sur ce qui passe / sur ce qui compte – ou qui pouvait compter. Nous voilà fermant les fenêtres / glissés dans les plis incertains / le nez contre la vitre / vois-tu, peut-être que l’on se trompe.
Mais, il faut une seconde lecture pour dépasser cette interrogation et se laisser porter par la poésie. Ce n’est plus « seuls » mais seul ; la rencontre a eu lieu. Restent les doigts, tendus de l’un à l’autre par un vaste réseau de fils et d’ondes.