François Matton : Oreilles rouges et son maître

 
par Jean-Jacques Bretou

François Matton, dessinateur et écrivain épris de sagesse orientale a décidé dans ce livre, pour rompre sa solitude et sans doute pour pousser plus loin ses recherches sur les voies de la sagesse, de se doter d’un compagnon. Ce dernier, nommé « Oreilles Rouges » à force de se les faire tirer, n’est pas un disciple mais précise l’auteur un « assistant. » En tant que tel, il accompagne son maître toute la journée dans ses différentes tâches. Ce livre constitué uniquement de dialogues entre les deux personnages comprend trente-trois courts chapitres commençant tous par « Oreilles Rouges ». Dans un espace réduit, entre le « maître » qui n’aspire qu’à la sagesse et à la simplicité, tandis qu’O.R. se comporte avec insolence, le climat est parfois tendu. Entre une invective et un tirage d’oreille, O.R. se fâche, fait du zèle, se fait plaisir, s’enrhume, voit rouge, se repend, fait le sourd ou bien dessine. Il dessine mais n’aime pas qu’on le regarde faire de peur que son maître ne le réprimande. Ou bien, il pense noix et économie ménagère. À moins que son maître n’essaie de l’emmener sur les chemins de la réflexion lui parlant métaphysique, de l’inquiétante étrangeté et autres sentiments existentiels. Ce qui semble indisposer O.R. En tout cas, ce dédoublement réussit à François Matton qui nous livre un beau texte que l’on lit avec un grand bonheur ainsi que d’incomparables dessins. Cela vaut bien plus qu’un koan ou une poignée de noix.




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P.O.L
136 p.,12,00 €
couverture