Hannah Arendt : Heureux celui qui n’a pas de patrie

 
par Létitia Mouze

Philosophe et penseur politique essentiel du XXe siècle, théoricienne de ses catastrophes, Hannah Arendt a écrit pour elle-même, tout au long de sa vie, des poèmes ici rassemblés dans une édition bilingue, groupés par périodes. Rimés et réguliers (sauf les derniers), mais subvertissant souvent la syntaxe ordinaire, ils témoignent d’une grande facilité poétique. La pensée s’y manifeste sans la lourdeur du concept. Le ton et les thèmes paraissent au premier abord très éloignés de l’œuvre philosophique de leur auteur. Son aisance à manier la langue est mise au service d’un lyrisme mélancolique et nostalgique. La perte, la séparation, la mort, l’amour et l’exil hantent ces vers à la tonalité automnale et crépusculaire. Ils semblent un chemin creusé pour soi, en secret, un à côté dans une œuvre décisive pour la pensée contemporaine, mais un à côté qui l’éclaire d’une lumière neuve, en en faisant ressortir les ombres derrière la rigueur conceptuelle. En les lisant, on se rappelle que la thèse d’Hannah Arendt portait sur le concept d’amour chez Augustin, et reviennent à la mémoire les magnifiques pages de The Human Condition sur la naissance, l’œuvre d’art, les bouleversements de notre civilisation.




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Poèmes de pensée
Traduit par François Mathieu
Édition bilingue
Payot & Rivages
240 p., 20,00 €
couverture