Marc Cholodenko : Il est mort ?

 
par Christophe Stolowicki

Très beau et tenu et ténu et n’achevant pas de mourir de point virgule en point d’appoint virgule après virgule comme ce qui de l’érotisme advient en apnée de survie dans l’avatar d’une phrase unique. Vice à vif il est né¹ et flaccide renaît de volume en volume plus métaphysiquement abscons de pornographie quintessenciée d’une impeccable syntaxe classiquement proustienne à quelques ruades, amerrissages près, et ces évasements dont émanent des bouffées de poésie succincte² parmi les ronds dans l’ô ; d’une vie cachée à des jeux comme plâtre de sauve qui peut l’amer, l’âme sur son erre. Dans une prose lissée de ses virgules sans la complaisance d’une allitération, déchu qui ne finit pas de livre en livre d’archangéliquement déchoir, Cholodenko ou le désenchantement. À le lire en trombe pour suivre ses aléas de vif-argent, à le siroter au goutte à goutte d’une perfusion mortelle, s’épand chez le lecteur un état de grâce. Flanqué l’érotisme sur internet d’une rhétorique aussi alambiquée et savante, aussi substantielle que l’amour entre hommes dans un sonnet de Shakespeare, la pornographie fervente d’une jeunesse devenue chemin de mémoire, Il est mort ? – un cénotaphe en trompe-l’œil parmi les traits d’arbre à lettres que le Scythe de Tacite décoche en fuyant.  




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P.O.L
96 p., 9,00 €
couverture

1. « Le rat bleu des cieux, le fouilleur acrobate qui avait découvert les couleurs sans odeurs et gardé dans les paumes et le ventre le bruit de chaque volume est tombé. Il est né. » (Le roi des fées, Bourgois, 1974)

2. « ; lourdement gonflée d’un silence propre la première goutte de pluie dans sa molle éruption solitaire propose confidentiellement au regard rasant la surface de la mer une inversion du sens de l’univers ; »