Christian Bobin : Noireclaire

 
par André Ughetto

La noirceur est celle de la mort ; la clarté est celle de la « présence » maintenue de la femme aimée, quelque vingt ans après sa disparition. L’aphorisme liminaire de ce recueil en prose poétique paraît totalement insolite : « Il y a entre toi et moi une adorable barrière. C’est ta mort qui l’a construite. » Quand l’auteur dit un peu plus loin vouloir « tuer Christian Bobin » est-ce pour rejoindre cet amour inoublié ou pour liquider la rhétorique qui a fait son succès – sens de la formule, culture du paradoxe, effusion du sentiment – et qui irrigue encore manifestement ce livre ? Le souvenir côtoie sans cesse la réalité d’aujourd’hui, s’y invite, la hante et l’illumine tout à la fois. Ainsi l’ouvrage est moins un « tombeau » qu’une glorification et une action de grâce : « Le poète perce quelques trous dans l’os du langage pour en faire une flûte. Ce n’est rien mais ce rien parle de l’éternel. » Et permet à ce dialogue d’outre tombe l’existence littéraire.




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Gallimard
88 p., 11,00 €
couverture