Alain Guillard : La mouette le dira mieux que moi

 
par Alexandre Ponsart

Au touché, du sable. Les couleurs sont inversées ; bleue la mouette et blanche la couverture.

Car il fait si bleu ce jour

Ce livre contient plusieurs poèmes, tous différents, par la forme, par le fond. Par l’écriture même. Quelques vers, un ou plusieurs paragraphes, une note, une pensée. Les caractères changent, la forme et le style évoluent ; du gras à l’italique, de la minuscule à la majuscule. La graphie est pointée du doigt et la forme vient appuyer l’idée.

Un pigeon son poids d’ombre l’avenue livide de lumière.
Le soleil en eau tout imbibé et noir.

Alain Guillard décrit des scènes de vie – le plus souvent – parisiennes auxquelles s’ajoutent les souvenirs de ses parents. Le passé revient par vagues successives et s’écrase comme l’écume sur la toile que nous peint l’auteur.

Ma mère à sa fenêtre (…) Maman pleure mais elle va bien. Elle est heureuse.
De l’avenue Faidherbe à la rue Jeanne d’Arc où résidait mon père, c’est une longue ligne droite (…) De chez moi aujourd’hui à l’avenue Faidherbe, il y a un train et quelques pas.

L’auteur dévoile ses sentiments de deux façons distinctes. Le récit avec les paragraphes sert d’arrière-plan aux poèmes plus courts, plus intenses et parfois plus sombres. Le vers fixe une sensation et la fige tandis que le récit la porte.

La vie simple / Elle est là / Si longtemps / À l’atteindre / Dans cette lumière / Cette rue / Ce père accordé / Poussant landau / Parlant de courses à faire / Au fils à son côté. / La vie aura donné son fruit / Finalement / Et c’est parfait ainsi. / Parfait. / Imparfait.

Alain Guillard dépeint des instants de vie. De son époque, de celle de ses parents, de celles de ses amis. Au fil de la lecture les images prennent vie.

Le partage / Unique justification de l’œuvre. / L’œuvre ici narcissique / À seule image interne.




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Jacques Brémond
80 p., 17,00 €
couverture