Yves Boudier : La seule raison poème

 
par Sébastien Hoët

Le recueil s’ouvre sous les auspices épigraphiques de Peter Handke et de Mallarmé et déploie de fait une structure plastique et poétique héritée d’une crise du vers : « Le poème est nu // à l’épreuve du vide / dont il est l’idée (…) / (l’absence / prise à cœur) » (p. 32). Le recueil tourne vertigineusement autour d’un affrontement des corps, dont celui de l’animal, du cri, d’une part, et des figures du néant, dont celles de la signature, du vide, du blanc (dit mais aussi manifesté comme tel sur la page), de la mort, d’autre part. Dans cet affrontement, le rêve forme une trêve et donne sa liberté au poème : « L’exil quotidien / du rêve // délivre / (vicariance verbale) / pierres si lourdes sur ma langue // l’obole / poème »  (p. 19). Pour autant, le recueil ne se réfugie pas dans cette guerre abstraite, il demeure incarné, traversé qu’il est d’une puissante vie matérielle offrant de beaux moments lyriques : « Un simple crayon gris / frappe la terre // les feuilles / le ciel est froid le sol fidèle / au premier feu // (l’os et la cendre démentis) // le sang rayonne / ardent // d’un soleil géorgique » (p. 53). Une ouverture est pratiquée de façon malicieuse et incisive par Liliane Giraudon.




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Le Temps des Cerises
66 p., 10,00 €
couverture