Pierre Le Pillouër : Ça et pas ça











2. Ni écheveau narratif en effet, ni signifiant musiqué (« Un hydrolat lacrymal lave », « La pénultième est morte »), ni tentative orale d’exégèse ou exercice d’« écriture automatique », nul « merveilleux » jaillissant de l’inconscient…

3. Au sens où Freud parla de « l’ombilic du rêve ».

par Jean-Pierre Bobillot

Ça ne ressemble à rien. Ou à une « forme fixe », « brève », avec « chute » : « et la voix dit » (en capitales), puis ce que dit la voix (en italiques). Forme ? reconduite de page en page, avec variations : « et la voix se tait… de ce que dit la voix il ne reste que » etc. Ou genre ? à adopter, reprendre, illustrer ? recueil de « la-voix-dit », comme de sonnets, de haïkus ? Tous les habiles croiraient bientôt pouvoir satisfaire à cette demande. – Ce n’est pas cela !
Mais le registre, à l’état brut, « des visions et des auditions issues de l’état de semi-conscience qui se dissipe vite dans le sommeil ou dans le retour à la norme. On n’y a produit aucun autre effort » (qu’on mesure intense) etc. Affleurements d’éphémère neuronal : on songe à Nerval, Rimbaud, Mallarmé, Breton1… – Ce n’est pas cela! Mais une entreprise sans exemple, confrontant qui s’y aventure (à moins d’être cet « oisif, charmé que rien l’y concerne, à première vue », que Mallarmé se plaisait à « détourner ») à l’une de ces rares et précieuses expériences de lecture qui de loin en loin viennent, opportunément, soumettre quelque certitude partagée au vertige d’une sournoise interrogation : – À savoir s’il y a lieu d’écrire. Et si gisait, là, l’ombilic de toute poésie3 ?




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Le Bleu du ciel
128 p., 15, 00 €
couverture

1. Respectivement : Sylvie (« Cet état, où l’esprit résiste encore aux bizarres combinaisons du songe… »), lettre du 15.5.71 (« j’assiste à l’éclosion de ma pensée : je la regarde, je l’écoute… »), Le démon de l’analogie (« …une voix prononçant les mots sur un ton descendant : “La pénultième est morte”… »), Les Champs magnétiques, Manifeste du Surréalisme (« Dictée de la pensée, en l’absence de tout contrôle… », « … phrase […] qui cognait à la vitre […] : “Il y a un homme coupé en deux par la fenêtre” […] accompagnée de la frêle représentation visuelle… » etc.