Thomas Chapelon : Guérissable

 
par Sébastien Hoët

« Le rythme / Déglingué / Du poème // (…) De sa structure // (…) Le monde est / Si immense » (p. 17). Avec ce vers creusé par le blanc, disloqué par l’espace, où s’intercalent d’autres vers, où ils s’y croisent et y interfèrent, où tout est surgissement, volatilité, vitesse et vision, on a comme un instantané de ce recueil mouvant, jamais fixé, qu’est Guérissable. On y retrouve cette longue phrase saccadée, interrompue, recousue, moirée, faite pour la vue, percussive, qui nous avait capturés chez Arachnoïde et les autres éditeurs de Thomas Chapelon. Le monde s’y dit par transparence et par éclats, l’inintelligible côtoie l’évidence douloureuse : « Dormir   sommeil éternel, // Peau dure   amphétamines psychiatrie, // Pas de musique / du temps, // Pas de temps, / Éternité // Pas d’éternité / Du cachot sort la plainte » (p. 88), une évidence qui affleure d’autant plus sensiblement qu’elle émerge à peine de ce magma langagier qu’est l’écriture de Chapelon. On sort impressionné de la lecture de ce recueil – par le souffle de marathonien qu’il requiert de son écrivain, et par la fraîcheur de sa révolte.




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Flammarion
« Poésie »
192 p., 16,00 €
couverture