par Jean-Jacques Bretou
Au début, il y a deux livres, Le Consul d’Islande d’Emmanuel Hocquard et Sainte Catherine d’Harry Mathews. L’été 2000 le narrateur emporte ces deux ouvrages, plutôt minces, à couverture blanche striée des éditions P.O.L, pour les lire en vacances. Rien de plus banal pour un amoureux des productions de Paul Otchakovsky-Laurens. Cependant, quelque chose de bizarre vient troubler la quiétude qu’il pensait trouver à travers ses lectures. Il lit et relit l’un et l’autre des volumes, et découvre qu’il n’y a pas moins de quatorze phrases dans chacun des livres qui se font écho, décrivent à peu près la même chose. Notre enquêteur en herbe, à moins qu’il ne s’agisse d’un adepte de la théorie du complot, n’en demande pas plus pour se lancer dans une investigation acharnée. Ce, d’autant que le livre suivant d’Harry Mathews, publié en 2005, s’intitule Ma vie dans la CIA et relate la vie de ce dernier en France dans les années 1973, année de son entrée à l’Oulipo. Le catalogue des éditions P.O.L d’une main, un livre dans l’autre, par exemple La Vie mode d’emploi de Georges Perec, premier ouvrage édité par P.O.L, notre détective cherche, dessine, établit des correspondances et découvre « la vrai croix de la Vie mode d’emploi » avec en son centre ce que l’on appelle au go le Ko ou Éternité, et qui ne représente rien d’autre que le sigle de P.O.L. Ce livre en plus d’un « rom pol », est un vibrant hommage aux éditions P.O.L et à ses auteurs, particulièrement à Perec, Roubaud et aux membres de l’Oulipo. À noter qu’au cours de la progression de son enquête le narrateur s’exerce au palindrome tandis que son ouvrage commence avec 53 jours de Perec placé en exergue et se termine par Le Condottière, premier et dernier livre du même auteur.