Marcelline Delbecq : Camera / Silence trompeur

 
par Hervé Laurent

Les images n’auront pas le dernier mot

Marcelline Delbecq est artiste plasticienne tout autant qu’elle est écrivain. Ses textes, souvent, participent à ses travaux qu’il s’agisse de dessin, de vidéo, d’installations sonores ou de diaporama. Camera, écrit pour le séminaire « Les contemporains, littérature, arts visuels, théorie »1, revient sur le rapport de son auteur aux images photographiques, et, plus généralement, aux images. Loin d’adopter l’allure et la forme d’un exposé théorique, ce mince opuscule réunit de courts textes portant sur des sujets divers qu’aucun élément de type argumentatif ne relie explicitement entre eux. L’enchaînement, s’il doit se faire, est laissé à l’appréciation de la lectrice ou du lecteur. Ce que propose ainsi Marcelline Delbecq s’apparente plutôt à la séquence ouverte d’une longue méditation qui se constitue pour ainsi dire subrepticement, par adjonction de minuscules touches de sens. S’y donne également à lire, une prédilection pour la description, celle-ci, le plus souvent, comme il se doit, appliquée aux images. Ainsi donc, l’écriture de Marcelline Delbecq travaille au renouvellement de l’Ekphrasis, à cette différence près que ses textes – elle est plasticienne – ne sont jamais complètement séparés des images, celles qu’ils décrivent et d’autres qui les interpellent, les bordent, les rythment, les traversent. La preuve en est donnée dans ce Silence trompeur qui réunit un corpus d’écrits dont la plupart existaient au sein de travaux plastiques avec et pour des images. Ici absentes, ces dernières n’en sont pas moins sans cesse convoquées par le texte, qui, s’il ne revendique pas d’avoir le dernier mot, donne à entendre que les images ne l’ont pas non plus : leur destin s’ouvre et s’accomplit d’être dites dès que vues. En retour les textes ne sauraient se soustraire à l’emprise des images. Les uns faisant aux autres une indispensable doublure – et inversement.




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Camera
Manucius
56 p., 4,00 €
couverture
Silence trompeur
Manuella éditions
112 p., 15,00 €
couverture

1. Le séminaire est dirigé par Céline Flécheux (Université Paris Diderot) et Magali Nachtergael (Université Paris XIII). Les interventions de ses invité-e-s sont publiées aux éditions Manucius.