par Nadine Agostini
Édité par Pauvert en 1966, ce dictionnaire sauvegarde une langue propre aux métiers de l’église. Une langue dont certains termes sont, de nos jours, tombés en désuétude ou oubliés. Ici se côtoient le sacré et le profane, l’excentrique et l’irrévérencieux. Le réjouissant aussi. C’est un langage qui varie au gré du temps et des régions, mais aussi de ceux qui l’emploient, un code interne plein d’humour, une langue imagée. Follain, dans son introduction, parle aussi d’un terme qu’il n’a entendu que dans la bouche du domestique d’un prélat. Parfois, apparaissent des mots appartenant à la terminologie régulière du droit canon. Cet ouvrage ayant fait l’objet de nombreuses notes de lecture, je choisis pour la mienne de m’arrêter sur les champs lexicaux autres que ceux concernant les vêtements et les coiffes. Les mots ne manquent pas pour désigner les bouteilles d’alcool comme les bars, « ami du clergé » (calvados), « barabas, baratin, bar Jésus, bar Jonas ». Notons qu’en araméen « bar » signifie « fils ». Nos plus jeunes lecteurs savent-ils que « cracher dans le bassinet » c’est « donner à la quête », que le confessionnal c’est « la boîte, la caisse, la guérite » et « la cambuse » la sacristie ? Et les plus âgés ignorent sans doute que « la boîte à violon » est une chasuble de mode romaine, que « bonzer » ce n’est pas faire le bonze mais « se faire retarder aux ordres ». Sans oublier la bonne du curé, qu’on désigne par « ma carabasen, mon gouvernement ». Il est même question de « couaquer », imiter le cri du corbeau devant le prêtre ce qui, à une certaine époque, devait se faire beaucoup puisque le verbe existe pour désigner l’usage. Je ne vous ai pas dit que « ma femme » est le bréviaire du prêtre et « les jumelles » les burettes. Tant de termes surprennent qu’on ne pourrait en parler sans recopier le livre dans son entier. Aussi ne puis-je résister à vous interroger sans vous donner la clé de l’énigme : savez-vous ce qu’est une « fausse-couche », « se mettre en ménage » et « sucer le bonbon » ?1
1. Après sa postface, Le Rire spirituel, dans laquelle nous apprenons que Follain a été aidé dans son entreprise par beaucoup de membres du clergé, Élodie Bouygues offre 23 nouvelles expressions savoureuses, dont « brandouiller la casserole ». Frédérique Loutz, quant à elle, signe une trentaine de dessins à l’encre noire.