par Alain Helissen
Atteint d’une boulimie d’écriture qui lui vaut aujourd’hui une bibliographie forte d’une centaine d’ouvrages, Werner Lambersy a toutefois consacré dix ans – certes non continus – à la rédaction de ces Dernières nouvelles d’Ulysse, un livre figurant sans doute parmi ceux majeurs de son œuvre pour le moins féconde. « L’odyssée dure autant que vivre », écrit-il, car « l’homme / son désir son ouvrage / sont sans fin. » S’il est bien question ici de l’Ulysse homérique, Werner Lambersy prévient : « Ulysse c’est (aussi) Mickey / Tex Avery Guignol / et Karagueuz. » À force de tercets, le poète dresse un réquisitoire impitoyable contre l’espèce humaine tout entière et les atrocités accumulées au fil de son histoire. Chacune des dix parties du recueil se veut un chant « pour respirer plus libre, un chant plus large (…) comme le chant entêtant de l’espèce qui dit non. » Disposés sur deux colonnes, les vers percent non dits et zones de ténèbres d’une mémoire volontiers oublieuse. À plus de 70 ans, Werner Lambersy emploie toujours la même véhémence à dénoncer les injustices, les inégalités et la cruauté des hommes. Pour ne plus avoir « ces bulles dans la voix quand nous étions des carpes. »