Ounsi El Hage : La Messagère aux cheveux longs jusqu’aux sources et autre poèmes

 
par Jean-Charles Depaule

C’est la deuxième anthologie en français du Libanais Ounsi El Hage (1937-2014)1, acteur majeur du renouveau de la poésie arabe. Dès 1960 il défendait et illustrait une pratique poétique qui tournait le dos à l’éloquence de tribune au profit d’un registre intime et qui bouleversait la prosodie, y compris en intégrant une écriture en prose. En traduisant Breton et Artaud, il contribuait à introduire le surréalisme dans le champ littéraire arabe.

L’empreinte surréaliste, sensible dans plusieurs de ces textes choisis, ne l’est guère dans le vaste chant d’amour, près d’un tiers du volume, qui ouvre le recueil (c’est en fait une œuvre de 1972, de la maturité) et qui lui donne son titre, ainsi que dans les poèmes qui lui font écho. Un lyrisme ample et tendu s’y déploie. Biblique. Ounsi El Hage écrit : Voici l’histoire de la face cachée de la Genèse / Je l’ai trouvée les yeux fermés / Le chemin est ma bien aimée / J’arrive de son attente. Cela sonne parfois claudélien, oui : Comment le phare est petit et l’obscurité immense / Et comme il l’envahit et la remplit ! Un hymne à la femme rédemptrice. Et qui remet, rudement, l’homme à sa place (L’époux déclenche le déluge pour éteindre une bougie).



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Traduit de l’arabe (Liban) par Abdul Kader El Janabi et Marie Thérèse Huerta
Actes Sud
« Sindbad / l’Orient des livres »
80 p., 15,00 €

1. La première anthologie, Eternité volante, avait été également publiée par Actes Sud « Sindbad », en 1997.