Jacques Ancet rassemble dans ce livre ses premiers poèmes publiés : cinq recueils qui s’échelonnent de 1966 à 1976. Dans un texte liminaire, le poète signale que ces « cinq ensembles (…) n’ont pas été réécrits mais réduits et réorganisés ». Nous sommes donc en face des poèmes du commencement, avec ce qui va se perdre, ou perdurer, ensuite : on ne lit pas ces poèmes en soi, mais dans la perspective de l’œuvre postérieure, que l’on connaît. En 1966-69, on découvre un lyrisme post-romantique et un vers libre assez proche du vers régulier. Au fil des dix années suivantes, on voit se fixer une thématique de l’intime : silence, visage, jardin, maison, quotidien, enfance, amour, mélancolie… Sur le plan de l’écriture, on suit une fluctuation entre expansion et contraction : des poèmes du bref, de l’ellipse, du blanc, de l’image brillante, et des poèmes du flux, du continu, du narratif-descriptif… Le dernier recueil, Avant l’absence, laisse coexister les deux pentes d’écriture dans une sorte de double registre possible, en alternance. On notera néanmoins, déjà fortement marquée, l’attention de Jacques Ancet pour l’éclat du minime, les variations de l’éphémère, la transparence et l’énigme.