James Sacré : Dans l’œil de l’oubli

 
par Jean-Charles Depaule

Réunir dans un même livre un texte récent et un de 1983, Rougigogne, était une bonne idée, ils s’appellent et se répondent comme le font, une fois encore, les paysages que James Sacré a parcourus au Maroc de ksar en ksar, ceux des États-Unis où il a longtemps vécu et la ferme de l’enfance en Vendée (gens, gestes, bêtes, prairies et chemins, et, toujours, les mots…). Comme s’appellent et se répondent les strates de la mémoire déposées depuis sa seizième année dans des cahiers, des carnets. James Sacré parle à leur sujet de guenilles, de torchons, de serpillière, de charpie et d’oripeaux, de merde aussi. Entre blancs et trou noir mémoire et perte ne sont pas dissociables.
En mêlant les temps verbaux il interroge ses désirs, et celui, si fort, d’écrire, les indécisions, l’amour, les affleurements et les attachements, les allégresses. Sait-on jamais qui on est, à aucun moment de la vie ? Une fois encore, par exemple à propos de plusieurs petits carnets de cette couleur, il écrit le mot « rouge » : il me vient si facilement sous la plume. De nouveau on est saisi par la force d’entraînement d’une méditation écrite en phrases bousculées sans cesse en mouvement, grave, légère, sensible-sensuelle, transparente.




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suivi de Rougigogne
Obsidiane
96 p., 14,00 €
couverture