par Antoine Emaz
Dans cette suite de poèmes comme des petits pavés de prose, il y a un paysage avec mer, vent, phare, falaise, plage, nuages, et leurs variations selon les heures ; il y a aussi une existence et ses changements d’humeur (angoisse, élan, malaise, apaisement…), ses souvenirs indistincts (« l’enfance »), ses sensations… Entre les deux, le lien se fait par les images, ou par simple juxtaposition : « Un soleil timide apparaît et essore le ciel. (…) Et la mélancolie reste loin derrière. » Ce n’est pas romantique, même s’il y a paysage et état d’âme ; plutôt un travail d’estompe, de feutrage à travers des phrases courtes, souvent nominales ou infinitives, toujours égales dans leur ton, même lorsqu’elles expriment le désarroi, la tristesse ou « l’envie de fuir ». Cette écriture a son registre, mezzo voce, sans bruit de langue ou effet de manches : c’est pour cela qu’elle retient.