Ce lointain si proche

 
par Alain Cressan

J’aime les anthologies / je n’aime pas les anthologies. Paradoxe du genre : dégustation apéritive, découvertes multiples, qu’il convient de saluer… mais frustration devant le trop peu, difficulté à affiner un jugement, forcément plus elliptique que jamais.
Vingt poètes de cinq pays : Australie, Chine, Corée du Sud, France, Innus du Québec, la plupart dans une édition bilingue (beauté de la langue innu-aimum, qu’on aurait envie d’entendre). Le titre pousse à l’exotisme mais aussi à tisser des liens entre les espaces, selon la perception des textes (prosaïsme, lyrisme, apologue…) : ainsi peut-être entre Frédérique Guétat-Liviani et Philip Hammial, ou encore Emmanuel Laugier et Yu Jian – rapprochements par le volume et différenciations, jeux brefs de perspectives.
Je retiens comme je peux – quitte à errer ailleurs, selon les principes de la bibliothèque de Warburg – : les notes de Yu Jian, le prosaïsme répétitif en abyme de Hwang Ji-U, les fragments apocryphes de Yannis Ritsos par Bruno Doucey, les calligrammes idéographiques en creux de Ming-Di… « d’intraduisibles coulées de pierre / te tordent en chignon complexe la langue / et noires / font bloc sec de / monnaie courante » (E. Laugier)



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