par Colette Tron
Relié, peut-être par les bords, à une exposition collective à la galerie Art-Cade à Marseille, elle-même explorant les hétérotopies, propres au concept de Michel Foucault, c’est certainement à l’expérience de juxtaposition que se livre ici Sally Bonn, docteur en esthétique, et dont elle décrit ainsi l’objet : « L’ensemble – ce livre – se propose de renouveler le discours critique en instituant une mise en regard des œuvres et de la fiction. » Car il y a récit plus que théorie, et l’essai critique est bien celui des écarts et de la compensation entre texte et œuvres, et de la distance critique (ce que Roland Barthes appelait la délicatesse) de l’œuvre au texte (pour citer Barthes à nouveau). Et ouvrir l’esthétique, comme discipline, mais aussi en tant qu’expérience sensible, c’est « ouvrir la langue, l’écarter, éloigner les noms », écrit Sally Bonn. Et alors, « quelque chose s’est ouvert dans l’appréhension du savoir, celle de l’écriture, celle de l’appropriation ». Et tandis que la fiction arpente des espaces, au propre et au figuré, déambulation en zones indéfinies, le livre offre à appréhender, de même, les œuvres des artistes de l’exposition par une série d’excellentes photographies – dont nous ne trouvons titre et référence qu’à la fin. L’expérience est probante. Et je me sens être du « peuple des bords ».