par Narciso Aksayam
Qui est donc le Collectif Bêta ? 1/3 Maxime Actis, captant un littéral réalisme aux truismes aussi plats que possible1 ; 1/3 Marina Bellefaye, dont les enroulements de langue-Yoda font mystères polars d’alcôve suspendus ; 1/3 Quentin Leric, qui nous interroge sur quelles vulgarités on pourra bien fantasmer trouver derrière une porte close.
Mais la revue est accueillante au delà, nasse agitée de livrets et d’images, en une maquette coffretée de lignes sécantes et d’angles gris. Th. Vinau y enveloppe en cartes son humour sur le dos des Lettres ; Fl. Cots y recense en liste narrative un flot de petits faits ; L. Scalapino y flaire l’érotisme des bassets, lévriers et autres mystérieux bulls2 ; ou encore E. Monferier, dans les vestiges du tout de suite, C. Bréchaire, parmi les petits objets à avaler, ou J. A. Fox, qui a mangé une pomme et cherche le rayon Télé. Mais pas que mots : l’écrin merveilleux est aussi de visions. Avec M.-A. Goldet, un point est-il la tache d’une goutte chue, ou l’hypnose d’un chien face à l’âtre ? Avec L. Skira, les pylônes, âme et gaine fascinantes, s’étirent au cordeau, comme un Serial Experiments Lain façon jardins à la française. Avec P. Houga MMXIII, se déplie une affiche encore fumante d’une mort au pieu polar. Échappées ou débordements, de ces fuites on attend les suites, dans l’impatience goulûment.
1. Qu’on retrouve en blog pour un Agencement collectif d’énonciation [série & feuilleton] avec quelques portraits totémiques ; ou encore avec un journal d’annotations pulvérisées, Je Personne.
2. Traduite par Pauline Pujol, promise à peut-être un livre.