Christian Hubin : Entre

 
par Patrice Corbin

Dessaisi, mot de l’obturation, Christian Hubin ne se retourne pas, il n’est pas celui de l’empreinte ni celui de la trace. Il est ce point fixe, sans posture, cette permanence de l’inhabitable, ce chaos sans ruine ; ses mots sont sculptés, sanglés dans la radicalité du blanc typographique. Le poète est en arrêt, il sait que ses pas sont d’avant lui, il est privé de l’ombre qui l’a produit, lui, le désincarné. Se refuse-t-il à être, qu’instruit-il, par-delà un « avant » sans mémoire ? Il se contourne, immobile mouvant, un être-là sans consistance. Tu ? Cette possibilité de l’altérité ne résiste pas à la question insoluble du devenir, ontologie de l’absence dans la permanence de l’aporie. Adjuré la supplique est sans écho, sans promesse, elle est l’Inséparable de cette dissolution qui, pour fatale, saigne du sang d’un « autre » insaisissable. Le poète, sans demeure, prononce sa propre sentence.




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Le Cadran ligné
4 p., 3,00 €
couverture