par Dominique Quélen
Passons sur le récit familial, d’autres en ont parlé. Passons à la langue. Ce dictionnaire emprunte parfois au blanc = noir de Bierce (CONTRAINTE : « SYN. Libre arbitre »), mais où nous conduit-il ? « Macchabées, les mots du dictionnaire » à DICTIONNAIRE : « Cimetière du langage » à LANGAGE : « Cimetière du réel. » à REEL : « Mot fourre-tout. » à MOT : « Bribe de langage censée figurer une bribe de réel. » C’est bouclé. L’accès au réel ? Dur. On n’invente rien (cf. l’oulipien ORIGINAL : « Copie antérieure ») mais on peut opérer un renversement burlesque et faire de « la pire et la meilleure des choses » non la langue mais le CUL, ici central – si l’on ose dire. Il clôt le livre avec l’innomé Sonnet du trou duquel. Thinez en cite un quatrain et précise : l’anagramme de « rien du tout » est « trou du tien », lecteur. De langue, alors, le dictionnaire ? Les exemples, souvent, n’y utilisent pas l’entrée mais la chose, qui elle aussi est ambiguë (CHOSE = RIEN). Il faut déboiser la langue (XYLOGLOSSIE : « Jean l’apprenait jour après jour en lisant l’Huma ») pour atteindre le politique : « De l’indignation le Dr Heuga dit qu’elle est la révolte du riche. » Ça vaut pour les temps présents.