Ludovic Degroote : ligne 4

 
par Alexis Pelletier

Le Square éditeur propose à 13 écrivains de prendre le métro : les 13 lignes principales du métro parisien sont l’occasion de projeter 13 tours du monde – la ligne 14, plus brève et plus récente, est laissée de côté. Pour Ludovic Degroote, c’est la ligne 4, depuis Porte de Clignancourt jusqu’à Mairie de Montrouge. Et son trajet de faire passer par 26 lieux, pour les 27 stations de la ligne – « Chatelet » et « Les Halles » étant ramenées à une seule station. Et Le voyage souterrain propose alors un parcours du point le plus septentrional de l’Eurasie (le cap Tcheliouskine en Russie) jusqu’à l’une des îles de l’Antarctique (l’Île Berkner). Mais celui-ci se transmue rapidement en une interrogation sur soi : « puisque de toute la ligne il n’y a qu’ici que ma vie soit réellement passée. » L’écriture, jouant de vers libres et de prose, se déporte sans cesse, dans une présence au monde où les géographies rencontrées (ou plutôt projetées dans le métro) sont métaphoriques des interrogations et des angoisses de l’époque. Degroote dit qu’il voudrait « tellement que le lecteur s’y retrouve » mais il sait qu’il écrit à propos d’un « réseau souterrain dont on ne sait rien ». On comprend alors que le livre est une méditation sur l’écriture – ses pouvoirs ? sans doute pas – mais plutôt sa manière de faire face.1




Share on FacebookTweet about this on TwitterPin on PinterestShare on TumblrEmail this to someone
Illustrations de Cédric Carré
Le Square éditeur
32 p., 8,50 €
couverture

1. « La foi déplace des montagnes, nous dit-on, pourquoi pas une ligne de métro ? La vie n’est pas tracée, on la construit. Voilà le destin de l’homme moderne. Sortir de son train-train, modifier sa ligne de conduite, se gouverner. » (p. 31)