Ezra Pound : Antheil et le traité d’harmonie

 
par Gérard-Georges Lemaire

Toute la problématique d’Ezra Pound dans ce livre repose sur le fait que les vorticistes anglais, dont il a fait partie, se sont préoccupés de littérature et d’arts plastiques, mais pas de musique. Les avant-gardes de la première décennie du XXe siècle ont d’ailleurs négligé cette discipline, à l’exception des futuristes italiens, surtout avec Russolo et le bruitisme –, ce que Pound n’apprécie pas. Il écrit à partir de 1914 des notes sur l’art musical nouveau, publiées dans plusieurs revues, sous le pseudonyme de William Atheling. La rencontre du compositeur américain George Antheil (1900-1959) est pour lui une révélation. Ses œuvres s’inscrivent dans l’optique dont il avait eu l’intuition. Pound le rencontre à Paris en 1923. À l’époque, il avait déjà écrit la Zingareska symphonie (1922) et la Sonate sauvage pour piano (1923). Dans ces pages, en dehors de l’expression de son admiration pour cet homme de génie qui avait introduit des machines dans l’orchestre (surtout dans le célèbre Ballet mécanique de 1926), il fait des considérations sur toutes les modalités de la musique ancienne et moderne, surtout sur la question de l’harmonie. Il fait de nombreuses citations savantes, mais oublie la plus importante dans ce domaine, le Traité d’harmonie réduite à ses principes naturels (1722), qui est proprement révolutionnaire. N’étant pas musicologue, je me contenterai de savourer le joyeux désordre de la pensée de Pound et de ses déclarations aussi visionnaires que lapidaires !




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Traduit de l’anglais (U.S.A.) par Philippe Mikriammos
Pierre-Guillaume de Roux
192 p., 23,90 €
couverture