Rainer Maria Rilke : Les Poésies d’amour

 
par Gérard-Georges Lemaire

Quoi de plus délicat à commenter que la poésie de Rilke ? Si elle est encore imprégnée par l’esprit du symbolisme et de la Jung Wien, elle y échappe pourtant. Elle est conçue dans une langue très pure et aussi utilise des formes novatrices. Mais elle n’est pas non plus novatrice, et bien loin de l’expressionnisme par exemple. Rilke sait enchaîner des images ou les emboîter les unes dans les autres avec une incroyable économie de moyens et en condensant son propos à l’extrême. Cela le rend redevable à Verhaeren et un peu à Maeterlinck, avec les répétitions, qui accentuent la musicalité de ses vers et enfin le goût de l’ellipse. Rilke parvient à exprimer les pensées les plus complexes avec des formes simples et des métaphores sans relief. De plus, ses poèmes ont un caractère narratif, comme un conte réduit à son essence. Au fil des années, on le voit, il parfait sa maîtrise de la forme pour parvenir à des textes qui semblent des mélodies. Il joue sur un registre virtuose. Et l’amour est dépeint par des jeux avec les mots qui semblent si évidents alors qu’ils sont le fruit d’une mécanique complexe. Ni classique, ni baroque, et encore moins moderniste, Rilke ne chante pas l’amour : il lui donne des formes décantées dans une composition intense et pourtant fluide.

 




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Choisies, traduites et présentées par Sibylle Muller
Édition bilingue
Circé
144 p., 12,00 €
couverture