Françoise Favretto : L’arrachoir 2

 
par Christophe Stolowicki

Un précédent train¹ de brefs récits, nouvelles, décollait quelques humeurs abruptes des jours ordinaires. Serrée, desquamant à vif le moi ajouré à plusieurs narrateurs en embuscade, soutenant notre attention aux petits coups de pinceau agiles d’une équipe de peintres venue « ravaler [de] couleurs bien flash […] chaque objet, babiole, bibelot, […] meuble d’un vieil hôtel parisien », swinguant à plusieurs registres d’impulsion narrative, du faux suspens qui affaisse le pont des générations, parents avérés plus fugueurs que leur fille, au dérapage très contrôlé vers le fantastique d’une automobiliste prise au piège du rond-point de notre temps de guerre obsidional à s’en « râper le fond de caisse », à l’illustration « à bras la brouette » de vers allemands par une voleuse de fleurs que le scrupule arrête sur image, au pudique entrefilet pour un ami décédé récemment, entre sommeil et mort « gonflé à l’hélium [en danger d’]incident intra mortuaire » – de menues invraisemblances en chevauchements d’art minimaliste accourcissant le romanesque, de causticité ameublie d’humour, prestesse dans le détail pratique, méticulosité fouillée, hardiesse de grossir le trait, une machinerie de théâtre démonte de notre quotidien le subtil, harassant meccano post-industriel.




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Atelier de l’agneau
80 p., 14,00 €
couverture

1. L’arrachoir, Atelier de l’agneau, 2012.