par Ariane Lüthi
Ce petit livre attire déjà de par son titre l’attention sur les infimes heures du protagoniste, « rêveur discret » hébergé par une famille « petite-bourgeoise aisée ». Un cycle de brefs poèmes esquisse la vie simple de Jean la Paille, qui a en effet existé. Par le biais d’une suite de poèmes, le lecteur accompagne ce taciturne, tel dans le poème « Un dimanche d’avril » : « On voit qu’il aime la vie / on aimerait qu’il le dise / quand on le voit sourire aux anges / ou à cette violence entre ses doigts / mais il garde ses mots pour lui / c’est comme une tirelire / on y ajoute / mais on n’en ôte rien. » Alexandre Voisard, le poète de Liberté à l’aube (1967) devenu célèbre – entre autres – pour avoir lutté pour l’indépendance du Jura suisse et la liberté des peuples, imagine les dialogues secrets que Jean entretenait avec le végétal. Ces petites heures illustrent comment la poésie est capable de transformer un égaré en « poète par inadvertance ». Ou alors, comme le souligne Victor Hugo cité en exergue : « La poésie, c’est tout ce qu’il y a d’intime dans tout. » Également pour L’oracle des quatre jeudis on peut parler d’un « lyrisme engagé »1 qui se dégage de cette méditation sur la condition humaine.
1. Voir Arnaud Buchs, Le déjeu d’Alexandre Voisard, Zoé « Le cippe », 2008.