Sandra Moussempès : Sunny girls

 
par Chandramukhi

Tu. Sais ne plus parler de toi. Mais. Ça n’a rien à voir avec. Et ai-je jamais été de ces jeunes filles qu’on mate au passage de haut en bas avec un regard qui en dit long, le regard qui déshabille. On dirait un poème, on dirait le Sud, ça fait du bien. Elle est en proie au fragment Baby It’s dangerous I’m fallin’. Qu’est-ce que j’ai allumé comme feu et sans même le voir. Je suis face à une dune de quatorze seize ans, à tout casser. Ce qu’elle voit se dit en hd, en plans serrés, le cadre qui coupe les pieds. Est-ce que la dame qui dit le programme du soir vit dans la télé ? Sommes-nous condamnées à l’instantané ? Vais-je mourir ou enfin le tromper durant cette énième rediff ? Avec l’âge on se connaît, on s’est parcourue, on fait les choses plus simplement et le mystère est là et l’envie. Est-ce qu’on sait la lire enfin, depuis 21 ans je la lis avec plaisir, c’est une auteur que je suis, on sent ici qu’elle s’est fait plaisir. Un livre varié et avec des variables d’ajustements, de vrais souvenirs, des souvenirs It’s it’s my gen’gen’ generation, des souvenirs de loin, un casting de rêve, qui rayonnent, inondent de dialogues, de descriptions et de phrases qui tuent. Est-ce que lorsqu’on appelle son enfant North, il ne sera jamais perdu ? Un livre en facettes, elle a dû élaguer, la matière qui reste est un condensé, très travaillé, à haute densité, raffiné. Réflexions, éblouissements, répétitions, hypnoses, excitations, recueillements. Se faire des films à blanc. Le goût des listes, les films qu’on a vus, les films où l’on est, les films où l’on s’est absentée, les films où l’on n’a pas changé. Des questions la hantent Let’s do a ghostparty j’invite qui tu sais ! Sommes-nous la somme de nos idées fixes ? Mais aucun auteur ne veut guérir. C’est le moment où je dois parler du noir dans le voir ? de la douleur cachée ? des corps chuchotés ? des miroirs à la voix brisée ? des chansons pop qui nous parlent qu’à nous A piece of me donné en pâture. Les scénarios se touchent, ils partagent une chambre, une rue, un personnage, elle arrive par le dos du scénario, elle connaît les portes et les figurantes dérobées, elle est la script-girl, celle qui connaît la scène par cœur, elle se tient toujours à côté de la fin, note les time-codes et les numéros des prises, tient le planning des présences, applaudit quand c’est la dernière avec toi. Oui c’est un autoportrait avec des filles tout sourire et mini-short. Elle a changé les noms, les lieux, il n’y a que les fantômes qui sont restés intacts. Je crois qu’elle n’a oublié personne. Une auteur vous dit je ne suis jamais seule et je ne suis jamais là Whispers might prove it all  ! À l’aide… à l’aide… à l’aide de musiciens. Tuiles des voix tuilées Delay-50, Echo Tunnel-25, Reverb-70, Dual -1 Octave, Duplik x4, Overdub 3. Ceux et celles que j’écris me tiennent compagnie, me tiennent lieu de compagnie, c’est ma compagnie, ma troupe, on part en tournée, AutoTune et ProTool en voiture, la 504 je la voyais plus grande. Les gens viennent à moi comme si j’étais une chute d’eau, ils tendent les mains, proches à me toucher presque.  Quand on pleurera on pleurera ensemble.
Parfois il faut être clair, alors, pour faire simple, c’est un très bon livre, lisez-la. Et écoutez aussi Vidéographia.1




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Flammarion
« Poésie »
208 p., 17,00 €

NDLR : citations en italique extraites de la playlist de Chandramukhi.

1. Vidéographia, label Violet Reason Record, CD audio, 2015, 10,00 €.