Pascale Cassagnau : Une Idée du Nord. Des excursions dans la création sonore contemporaine

 
par Chandramukhi

Il n’était pas prévu qu’on en parle. Cela aurait été un livre inaperçu de plus, il y en a plein ainsi, que personne ne pleure. Et ce livre, c’est une amie écrivain (Pascale Petit) qui me l’a soufflé à l’oreille « ça devrait t’intéresser ». Elle avait raison. Et maintenant à mon tour de vous souffler. Au départ, on recule en voyant le sous-titre, puis quand on voit l’humour des nombreuses citations choisies et la structure mosaïque, alors on se dit Pascale C. est docte, mais elle a de l’esprit. Elle est donc rare et précieuse. J’ai aimé aussi l’idée que le livre propose des liens vers des ressources sonores, des boîtes à outils, des kits de survie à écouter pour plus tard. Le livre, vous y trouverez l’aspect historique des supports, histoires des ingénieurs, bidouilleurs, succès et échecs de brevets, des inventions, récupérations, détournements. Prévoir ou oublier l’auditeur. Faire des installations, organiser des dispositifs, en direct, à distance, en différé. Transmettre, enregistrer, imiter. De la haute-fidélité aux si parfaites voix de la SNCF vous annonçant un nouveau retard voie B, inventées de toute pièce pour que vous gardiez votre calme. Il y a (bien sûr) des plasticiens et des poètes, les sonores, les zoraux, les joueurs, les pour-voix-only, notre terrain connu. Il y a les philosophes, parties à mon sens la plus pénible, mais un passage obligé, une sorte de tenue de camouflage pour faire sérieux et « étude esthétique », je pardonne et ça fait peu de pages. L’auteur n’explique pas, elle nous fait voyager, elle fait défiler avec gourmandise les manières d’aborder la création sonore, parole, musique, bruit. On retient ce qui nous étonne d’abord, puis on se familiarise avec ce matériau qui ne se voit pas, qui ne pèse pas. C’est le genre de bouquin qui vous donne des idées, là vous entendez le bruit frais d’une vitamine C effervescente montant et descendants dans un verre d’eau gazeuse votre oreille collée au verre, ça réveille. Ce qui apparaît est notre grande sensibilité, voire notre vulnérabilité au sonore. Une voix humaine, le son de la pluie, du vent et tout un monde dans l’oreille nous envahit, nous renverse. On ne peut pas fermer les oreilles comme on ferme les yeux. Ceux qui torturent à Guantamo avec de la musique Hardcore en savent quelque chose. Avec le son, c’est immédiat, proximité, intimité, ça me parle rien qu’à moi. J’écris pour que vous lisiez ce livre. Pour le Nord du titre, vous aurez le plaisir de le comprendre seul. Une belle découverte et un grand Bravo à Pascale Cassagnau.




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Beaux-Arts de Paris
526 p., 20,00 €
couverture