par Sébastien Goffinet
En classe de première m’avait frappé le fait que le professeur de français, nommé Michel Legrand, exigeât de Baudelaire, de qui il initiait les lycéens à la lecture des Fleurs du mal, une perpétuelle cohérence. Et moi qui avais – interprétation sans doute erronée d’un détail – cru y déceler quelque contradiction interne, de m’élever contre ce qui m’apparaissait comme totalitaire. Il en va de même de cette lecture1 par Marcel Ollivier des poèmes de Marx et d’Engels : au-delà de l’évidente médiocrité de ces productions, le critique, qui les recontextualise et en reconnaît la dispensabilité, les traite comme s’ils devaient, écrits de jeunesse, informer l’entièreté des travaux à suivre. Il lui est donc facile, en choisissant le parti du monolithisme, de dénoncer « l’idéalisme » des deux théoriciens, de qui il démontre cependant que les écrits poétiques sont très influencés par le romantisme ambiant. La question se pose ainsi d’une possible rétrospection : ne serait-ce pas plutôt parce qu’il souhaitait, après avoir lu leurs travaux « politiques », qualifier d’idéalistes ces fondateurs du communisme, que Marcel Ollivier, pour se légitimer, a publié, dès 1933, cette brillante lecture de mauvais poèmes ?
148 p., 12,00 €
1. Ce livre est bien un ouvrage critique et analytique : seuls quelques poèmes de Marx et d’Engels figurent en fin de volume.