Peter Bakowski : Le cœur à trois heures du matin

 
par Michel Ménaché

D’abord influencé par la Beat Generation qu’il découvre au cours d’un voyage aux USA, Peter Bakowski, dans une veine proche de Kerouac et Ginsberg, met en mots sa difficulté d’être dans ce monde imprévisible, aussi terrifiant et anxiogène qu’il lui paraît fascinant et vertigineux : « je préfère / l’épanouissement à la nostalgie, / les galaxies au train-train [...] Je préfère / les hivers qui restent dehors, / les imprévus à la solitude, / lorsque la vie / gagne en valeur. » De ses origines polonaises à la réalité australienne, de l’infime à la marche du monde, tout est matière d’écriture. Dans Billie et l’ange de la maladresse, poème missive en hommage à Billie Holiday, la vie de la chanteuse de blues est évoquée comme un long combat contre la misère, le racisme et l’injustice : « entre la lune et nos cœurs, / il existe une voix : / qui escalade l’échelle d’une vie de barreaux brisés, / mais poursuit son ascension / pour nous dire / que les rêves se paient très cher / et n’ont pas toujours une fin. » Dans Cartes postales vagabondes de l’outback australien, il évoque des scènes d’un road movie de ville en ville, de pub en pub : « dans une voiture en souffrance, / tu ronges la distance, / à la fois heureux et inquiet […] tu n’es pas loin d’embrasser / la pompe à essence […] reprends le volant, / rattrapes le bitume / avec un sourire crème glacée… » S’il évoque la guerre en Bosnie, le peintre révolutionnaire Diego Rivera, les déchirures du monde, le poète ne prétend pas prophétiser l’avenir ni guider les hommes. Il dit ses joies et ses faiblesses, chante le quotidien et l’incertitude du devenir : « Je travaille sans filet, / tout seul, paré d’une / grande / corbeille à papier. »




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Traduit de l’anglais (Australie) par Mireille Vignol et Pierre Riant
Édition bilingue
Bruno Doucey
128 p., 15,00 €
couverture