François Bordes : Le logis des passants de peu de biens précédé de L’âge obscur

 
par Alain Helissen

Ce sont là, pour commencer, quelques poèmes extirpés d’un « âge obscur », daté de 1993-1998, que délivre – faut-il rajouter enfin ? –­ François Bordes dans la première partie du recueil. Des poèmes, précise-t-il « en guise de salut », écrits dans une ville sombre et sans rivière. En conséquence de quoi  « La langue s’assécha. Elle devint désert. » Et c’est sans doute le vide qui occupe tout entier cet espace poétique pour le moins aride où les mots ne sont qu’écho inconsistant d’un sujet en perte d’identité. « Je me tais dans ma parole. Plus je parle, plus la parole me fuit (…), je n’est plus qu’une attente, une attente désespérée et silencieuse du vide », écrit François Bordes, se tenant néanmoins au bord de ce vide pour le nommer, s’arracher à lui « qui ne doit pas nous avoir vivants. » Face à notre implacable finitude, nous nous devons d’ouvrir la bouche car seule la parole redonne vie. Si nous sommes ignares de tout, tout n’en reste pas moins possible. Dans la seconde partie du recueil, plus narrative, « ils », « nous » et « je » se succèdent, jusqu’à ces derniers vers convoquant le « tu » : « Ici tu déferas / le nœud de poussière / qui te suffoque / Et le vent te rendra / le son de ta voix. »




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Corlevour
80 p., 16,00 €
couverture